Variabilité hydrodynamique du littoral sénégalais et dynamique morphologique de la plage de Djembéring
Abstract
Le littoral sénégalais, et plus particulièrement celui de Djembéring au Sud du pays, fait face à
des dynamiques côtières complexes, marquées par l’interaction entre les forçages hydrodynamiques
(vent, houle et vague) et les évolutions morphologiques du trait de côte. Ce mémoire s’inscrit
dans une démarche d’analyse croisée entre l’hydrodynamique régionale et l’évolution des profils
de plage, afin de mieux comprendre les mécanismes saisonniers qui régissent l’accumulation et
l’érosion sédimentaire. À travers l’exploitation des données de réanalyses Era5 (ECMWF)et
Coper (CMEMS), la cartographie saisonnière du vent (direction et vitesse), de la houle et des
vagues (hauteur significative, direction et période) a permis de mettre en évidence des régimes
énergétiques plus intenses au Nord du littoral sénégalais durant la saison sèche, contrastant
avec une diminution progressive de l’énergie marine vers le Sud lors de la saison des pluies.
L’étude ponctuelle menée sur cinq sites stratégiques (au large, Saint-Louis, Dakar, Sangomar
et Djembéring) confirme une bonne permanence des jeux de données, malgré des écarts plus
notables dans les zones Sud, liés à la complexité des phénomènes atmosphériques locaux.
Cette hydrodynamique explique en partie les observations morphologiques réalisées à Djembéring.
Sur la période allant de mars à août 2024, marquée par une transition saisonnière, les profils
de plage, de forme dominante rectiligne, présentent une plage aérienne large de 71,80 m et une
pente de 4, 52% en moyenne. L’examen des mouvements verticaux, quant à lui, révèle un cumul
sédimentaire globalement positif (25, 08m3/m de plage), avec deux phases d’accumulation,
dont la plus marquée est entre mars et mai. Cette tendance est favorisée par la baisse de
l’énergie des houles et le changement progressif de leur direction, passant de Nord-Nord-Ouest
à Sud-Sud-Ouest, limitant ainsi les processus érosifs et favorisant l’engraissement de la plage.
Cependant, vue l’érosion déjà observée à Djembéring (Thior et al., 2020, 2019) malgré l’accumulation
trouvée sur la période mars-août 2024, il devient nécessaire d’élargir les observations temporellement
et spatialement, avec des suivis morphologiques plus fréquents et des analyses intégrant des
années à forte variabilité climatique, afin de mieux anticiper l’évolution future du littoral face
aux changements environnementaux.